José CURRALADAS


Entré en 1974  au CHU Henri Mondor (94) comme Agent Hospitalier, il passe son Certificat d'Aptitude Aux Fonctions d'Aide Soignant (CAFAS) en 1978, puis son Diplôme d'Etat de Masseur Kinésithérapeute (APHP Hôpital Lariboisière) en 1988.
De 1988 à 2000 il exerce son activité au C.H.U Henri Mondor dans différents services; réanimation médicale, chirurgie vasculaire,  chirurgie générale, chirurgie cardiaque et thoracique, neuro-chirurgie, chirurgie réparatrice, hématologie et immunologie.
Puis à partir de  2001 il travaille dans son propre cabinet.
Il à été également Jury au Diplôme d'Etat de Masseur Kinésithérapeute en 95, 96, 97 et 2000

Pendant 15 ans il sera le Kinésithérapeute de Equipes de France de Lutte
Sélectionné pour les championnats d'Europe et Monde de 1989 à 2004
Sélectionné pour les jeux olympiques de Barcelone 92
Sélectionné pour les jeux méditerranéens 93, 97
Sélectionné pour les Jeux de la Francophonie 94

En 1995, il fonde L’ECOLE DU DOS DE LA PETITE ENFANCE
Organisme de formation de Prévention des Lombalgies et tms pour les personnels du secteur de la Petite Enfance

Publications

sur le site "Les pros de la petite enfance"

Dans le secteur Petite Enfance, il est urgent de prendre soin de l’adulte

Les postures et gestes dangereux pour le dos des professionnels de la Petite Enfance

Assistante Maternelle, un programme pour éviter les maux de dos et rester en forme

Lombalgies, les maux de dos les plus fréquents dans le secteur de la petite enfance

Repenser la place du corps de l'adulte dans les lieux d'accueil du jeune enfant

Les Troubles Musculo Squelettiques (TMS), la maladie professionnelle la plus répandue

Les cervicalgies et dorsalgies dans la petite enfance

Quel couchage pour le jeune enfant

Comment installer bébé en voiture

Dans la revue Métiers de la Petite Enfance (Editions Elsevier Masson)

Carrière et mal de dos : la nécessaire prévention (oct 2007)

Une formation en équipe sur la prévention du mal de dos (sept 2011)

Protéger son dos en restant dans sa "bulle" (Oct 2012)

Préserver le dos des professionnels de la Petite Enfance (Nov 2015)

Installer un jeune enfant dans une voiture (Aout-Sept 2016)

Choix d'un matériel de couchage pour le jeune enfant (Déc 2016)

Pour une utilisation ergonomique de la poussette (Mars 2017)

Quel plan de change choisir en structure collective? (Juin 2017)

Repenser la place du corps de l'adulte dans le secteur de la Petite Enfance (Oct 2017)

Les douleurs rachidiennes et les troubles musculosquelettique dans le secteur de la petite enfance (Janvier 2018)

Transférer un bébé de bras à bras en toute sécurité (Avril 2018)

Dans la revue L'ASSMAT

Prévenir le Mal de Dos fev. 2014

Sur la page FB de l’Ecole du Dos

Lombalgies et Troubles Musculo Squelettiques dans le secteur de la Petite Enfance : Que faire ?
Le portage sur le coté
Le change des petits
Quel couchage en structure collective?
Quelle chaise haute?
Comment rester en forme?
Le siège au sol pour l'adulte
Lombalgies et tms dans la Petite Enfance, que faire?
Petite Enfance, et l'adulte?

Les ouvrages

COUV3

"Prévenir le mal de dos pour les professionnels de la Petite Enfance" Editions Elsevier-Masson 2021 Troisième édition

 

COUVERTURE 2017

"Prévenir le mal de dos pour les professionnels de la Petite Enfance" Editions Elsevier-Masson 2017 Seconde édition

 

COUVE2020PAPIER

« Entrainement avec élastique » Editions Bookelis 2020

 

reeducation

« Rééducation en résistance progressive » Editions Désisris 2008

 

couverture 2009

« Manuel d’ergonomie a l’usage des professionnels de la petite enfance » Editions Elsevier-Masson. 2009 première édition

 

A824

« Entrainement avec élastique » Editions Amphora 2012

COUVHANDI

« Handicap et musculation » EBOOK édition Bookelis 2020

 

gymelastique

« Gymnastique avec élastique » Editions Amphora 2005

Publications en kinésithérapie

Massage réflexe en pratique courante. Kinésithérapie Actualité, janvier 1994

Chirurgie cardiaque et kinésithérapie. Kinésithérapie Actualité, décembre 1994
Cœur et Vaisseaux Pratique Janvier 1995. A.M.C pratique janvier 1996

La kinésithérapie dans la prise en charge des patients porteurs d'une technologie nouvelle; le Baxter Novacor. Cahier de Kinésithérapie Ed Masson Nov. Dec. 1994

Enquête chez les lombo-sciatiques opérées. Kinésithérapie Scientifique Novembre 1995

Kinésithérapie de réanimation et transplantation cardiaque Cah. Kiné. 1996 Fasc 177

Elastiques et rééducation. Kinésithérapie Scientifique Février 1997

Enquête sur les récidives de lombo-sciatiques opérées. Kinésithérapie Actualité Avril 1998

Kinésithérapie préopératoire et chirurgie cardiaque. Cah. Kiné. 1998 Fasc 190

La prescription de masso-kinésithérapie en milieu hospitalier. Kinésithérapie Actualité Mars 99

L'aérosolthérapie. Kinésithérapie Scientifique Mai 2000

Dans le secteur de la petite enfance il faut repenser la place du corps de l’adulte

Par José Curraladas[i]

Depuis toujours les acteurs et décideurs du secteur de la petite enfance ont orienté leurs réflexions, ont privilégié leurs études et leurs actions autour de l’enfant. Pour son bien-être et sa sécurité. Les structures collectives sont conçues pour apporter un maximum de confort pour le tout-petit et pour qu’il s’épanouisse librement dans un environnement accueillant.

Mais nous voyons maintenant se profiler les limites de cette stratégie ; la souffrance des adultes qui travaillent quotidiennement auprès des tout petits est un phénomène en constante augmentation. Souffrance physique avec des arrêts maladies en hausse et des plaintes pour lombalgies et Troubles Musculo Squelettiques (TMS) de plus en plus fréquentes. La médecine du travail en France ne reconnaissant le risque de port de charge pour les femmes qu’à partir du moment où la charge est au-dessus de 25 kg, le secteur de la petite enfance n’a jamais fait l’objet d’études des risques d’accidents rachidiens puisque les enfants quittent les structures d’accueil avant d’atteindre ce poids.

Les personnels qui s’occupent des tout petits sont en grande majorité des femmes qui vont effectuer ce travail pendant de nombreuses années. Actuellement elles commencent à travailler vers 23/25 ans et pourront prétendre à une retraite pleine vers 66 ans. Les conditions de travail en structures d’accueil collectives ne leur permettront pas d’arriver en pleine santé si nous ne repensons pas les conditions de leur exercice professionnel quotidien. En effet, il suffit de visiter des crèches et d’écouter les demandes et les plaintes de ces personnels pour comprendre qu’il faut revoir complètement la place de l’adulte dans le système de prise en charge des tout petits dans les structures d’accueil collectives.

Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour évaluer réellement la pénibilité des conditions de travail des personnels auprès des tout petits enfants.

I/ la répétition des gestes de soulèvement et de dépose des enfants. Ce n’est pas le port de charge qu’il faut évaluer mais la fréquence des mouvements de soulèvement et de dépose des enfants/charge. Les enfants accueillis en crèche ou à domicile chez l’assistante maternelle (ASSMAT) ne pèsent pas 25 kg bien sûr mais ils sont soulevés et déposés de nombreuses fois dans une journée et dans des conditions parfois difficiles. Ce n’est pas de les porter qui pose problème mais bien de les soulever et de les déposer.

II/ Les femmes qui exercent ces gestes répétitifs de manipulation de charge (enfant et matériel) ne sont pas préparées culturellement au port de charges. Elles n’ont pas été éduquées, contrairement aux hommes, à soulever des charges. Elles ne savent tout simplement pas comment faire. Pratiquement aucune d’entre elles n’écartent les pieds pour être stable avant de soulever un enfant/charge et très peu ont déjà été en situation de porter une charge lourde (comme un pack d’eau sur l’épaule par exemple). Le schéma du petit garçon que l’on envoie bricoler avec papa et de la petite fille qui reste avec maman pour faire la vaisselle est une réalité tenace ! Or c’est au quotidien qu’elles sont confrontées à la manipulation de charges autres que les enfants; pack d’eau, de lait, cartons de couches, caisses de jouet, tapis et meubles, sans parler bien sur des personnels de cuisine ou d’entretien qui manipulent également de nombreuses charges lourdes.

III/ les structures d’accueil collectives sont conçues par des hommes qui n’ont jamais manipulé de tout petits et qui n’ont qu’une vision idéalisée de la petite enfance.

-Les pièces de psychomotricité par exemples souvent très grandes alors qu’elles accueillent des enfants qui marchent et qui sont autonomes alors que les dortoirs, eux sont systématiquement étroits et obligent souvent à faire dormir les plus petits des enfants dans des lits à barreaux superposés dans des locaux aveugles sans fenêtres. J’ai même observé dans une structure neuve qui venait d’ouvrir, des toilettes de superficie supérieure aux dortoirs de la section des petits !! Or, les dortoirs des tout petits qui ne marchent pas encore sont des lieux de manipulation quotidienne à risque pour la colonne vertébrale de l’adulte car les lits en hauteur et souvent superposés, ne sont pas ergonomiques. L’accès au couchage bas, sous le couchage haut présente un risque énorme pour le rachis de l’adulte.

-Les postes de change sont trop souvent maintenant livrés et installés en « kit », c’est-à-dire qu’ils sont standard et se ressemble malheureusement de plus en plus. La place pour changer bébé est souvent étroite et ne permet pas de placer l’enfant de côté quand il commence à grandir et à donner des coups de pieds dans le ventre de l’adulte qui le change. L’accès au robinet est souvent éloigné et oblige l’adulte à se pencher dangereusement, voir de monter sur un petit banc pour accéder au point d’eau. Pour le poste de change des plus grands les fabricants intègrent souvent maintenant des escaliers mais ceux-ci sont peu utilisé car les marches (et notamment la dernière) sont parfois trop hautes et leurs enfants ne peuvent pas monter seul. De plus certains escaliers sont si lourds à manipuler qu’ils ne sont jamais utilisés.

IV/ Le matériel est trop souvent pensé pour la sécurité de l’enfant au détriment de celle de l’adulte.

- Les lits hauts pour le couchage des tout petits. La grande majorité de ces lits nécessitent une manipulation des deux mains voir plus puisque certains ne s’ouvrent qu’en appuyant a quatre endroits simultanément ! Comment faire quand on porte un bébé dans ses bras ?

Ces lits sont souvent inadaptés à une manipulation sans risque pour les rachis et les épaules des femmes qui effectuent cette manouvre de nombreuse fois dans une journée. Il sont souvent très haut, trop haut.

- les tables et les chaises des repas des « grands » sont conçues pour que ceux-ci soient bien installés à la bonne hauteur. Très bien mais quid de la position de l’adulte qui doit gérer et s’occuper du repas pendant au moins une demi-heure ? Comment et où s’installe-t-il ?

- les meubles de rangement sont conçus pour durer, ils sont solides, souvent en bois et très lourds. Mais il faut faire le ménage quotidiennement et déplacer tout ce mobilier qui n’est pas encore systématiquement proposé sur roulettes par les fabricants.

Cette liste n’est bien sûr non exhaustive et de nombreux autres problèmes se posent à l’exercice quotidien des femmes qui travaillent dans ces structures collectives.

En conclusion

Les contraintes rachidiennes et articulaires sont une réalité quotidienne des femmes qui travaillent dans le secteur de la petite enfance. Ces contraintes entrainement une souffrance qui se concrétise par des arrêts de travail (Accident de Travail) et des arrêts maladie entrainant un cout exorbitant pour notre système de protection sociale.

Il faut donc intégrer la notion de risque de port de charge répétitif dans le secteur petite enfance. Il faut repenser la place de l’adulte et demander aux fabricants de matériel de puériculture qu’ils intègrent la notion d’ergonomie de l’adulte dans la conception de leur matériel. La sécurité de l’enfant bien sûr, mais celle de l’adulte également. Il faut également demander aux concepteurs de structures d’accueil du jeune enfant qu’ils associent des professionnels de la petite enfance à leur étude de projet et qu’ils intègrent la notion de poids du tout petit.

Enfin, il faut évidemment former ces personnels aux techniques de port de charges mais pas n’importe comment ! La manipulation des tout petits ne s’effectue pas comme la manipulation d’un pack d’eau ou d’une bouteille de gaz ! Il ne suffit pas de plier les genoux et de garder le dos droit pour protéger son dos ! Les formation à la prévention des risques rachidiens doivent être effectuées par des professionnels de   santé qui appliquent le principe de la balance rachidienne et prennent en compte l’enfant/charge. La formation doit être effectuée avec l’ensemble de l’équipe et sur le lieu de travail.


[i] José Curraladas Masseur-kinésithérapeute DE

Fondateur de « L’Ecole du Dos de la Petite Enfance »

http://www.dosetpetitenfance.fr/

Les rachialgies dans le secteur de la Petite Enfance sont largement sous estimées

Par José Curraladas[i]

La Petite Enfance, un secteur professionnel à risque pour le corps de l’adulte

La Petite Enfance est un secteur où les personnels sont exposés aux risques d’accidents rachidiens. Durant une journée de travail, c’est plusieurs dizaines de fois qu’il faut soulever, porter et déposer l’enfant/charge. Jusqu’à l’acquisition de la marche, le nourrisson, puis le jeune enfant est totalement tributaire et dépendant de l’adulte et doit donc être porté et déplacé par celui-ci pendant au moins les deux premières années de sa vie. Cette situation crée une répétition de contraintes importantes sur la colonne vertébrale (rachis) de l'adulte. L’enfant doit être considéré comme une charge qui entraîne un véritable risque pour le rachis des personnels qui le soulève/ porte/dépose quotidiennement.

Dans un article de Mars 2015[3] l’INRS a étudié les risques de Troubles Musculo Squelettiques (t.m.s.) du rachis chez les assistantes maternelles. En effet, le sujet des t.m.s. chez les personnels de la petite enfance a commencé a interpeller la recherche a partir de 1993. La prévalence des lombalgies varie de 61 à 86% et les t.m.s. sont également observées aux épaules, coudes et poignets. Une étude d’une crèche hospitalière montre qu’une auxiliaire de puériculture porte en moyenne près de deux tonnes de bébés par jour pour un taux d’encadrement de 8 enfants de plus de 18 mois changés 4 fois par jour. Plus les enfants sont petits, plus le risque de lombalgie est élevé car ceux-ci sont soulevés environ 46 fois par jour (et donc reposé 46 fois...les contraintes rachidiennes sont les mêmes quand on soulève ou que l’on dépose[4]) contre une seule fois chez les 4/5 ans.

Les contraintes sur le rachis des adultes sont largement sous estimées

La médecine du travail en  France considère qu’il y a risque de blessures rachidiennes à partir d’un portage d’une charge de 55 kg pour un homme et de 25 kg pour une femme. Donc, comme dans la petite enfance les tout petits ne font pas 25 kg, la médecine du travail considère que le risque est très faible, voire inexistant.

Mais ce n’est pas le port de charge qu’il faut évaluer mais la fréquence des mouvements de soulèvement, portage et dépose des enfants/charge qui vont entrainer des pressions énormes sur les derniers disques inter vertébraux (d.i.v.) lombaires. En effet, dans l’étude de l’INRS de 2015, les chiffres avancés sont largement en dessous de la réalité :

Explications :

Il est indiqué que les adultes étudiées vont soulever 46 fois un nourrisson de 3 mois avec un tonnage d’environ 644 kg au total.

1/ Si elles soulèvent un enfant 46 fois, elles le reposent donc 46 fois, donc on arrive a un total de 92 manœuvres de soulèvement/dépose. Les manoeuvres soulèvement et de dépose entrainent les mêmes contraintes rachidiennes. Les risque de blessure est exactement le même quand on soulève et que l'on dépose un enfant/charge.

1/ La charge portée, le tonnage, est estimé à 644 kg pour un enfant de 3 mois mais c’est jusqu’à l’acquisition de la marche que l’enfant/charge doit être soulevé par l’adulte et il est environ a ce moment là autour des 11 kg ou 12 kg ce qui double le tonnage.

3/ Ce n’est pas le tonnage soulevé qui est important mais la manière dont les gestes de soulèvement/ dépose sont effectués. Si l’enfant/charge est éloigné du corps les pressions sur les disques inter vertébraux (d.i.v.) lombaires sont très importantes. Pour un enfant/charge de 10kg soulevé à bout de bras, la pression sur les derniers d.i.v. lombaires peut atteindre 2 tonnes. Donc 96 fois 2 tonnes de pression par jour sur les derniers disques inter-vertébraux lombaires….

4/ Il n’y a pas que les manœuvres de soulèvement et de dépose des enfants qui entrainent des pressions importantes sue les structures de la colonne vertébrale, les manœuvres de transfert de bras à bras effectuées plusieurs dizaines de fois par jour vont également avoir des conséquences énormes en termes de pression sur les d,i,v  de la région lombaire. En effet, lors des transferts des enfants entre professionnelles ou entre professionnelles et les parents, celle-ci tendent les bras et éloignent donc l’enfant/charge de leur corps de qui va entrainer des pressions très importantes. Pour un enfant/charge de 10 kg tenu a bout de bras (1m environ) cela entraine également une pression de 2 tonnes sur les derniers disques inter vertébraux lombaires…

Les femmes qui exercent ces gestes répétitifs de manipulation de charge (enfant et matériel) ne sont pas préparées culturellement au port de charges. Elles n’ont pas été éduquées, contrairement aux hommes, à soulever des charges. Elles ne savent tout simplement pas comment faire. Pratiquement aucune d’entre elles n’écartent les pieds pour être stable avant de soulever/déposer un enfant/charge et très peu ont déjà été en situation de porter une charge lourde. Or au quotidien, elles sont confrontées à la manipulation de charges autres en plus des enfants ; pack d’eau, de lait, cartons de couches, caisses de jouet, tapis et meubles, sans parler bien sur des personnels de cuisine ou d’entretien qui manipulent également de nombreuses charges lourdes.

En conclusion

Le secteur de la Petite Enfance est un secteur professionnel ou les personnels, femmes pour la majorité, sont exposées au risque de blessures rachidiennes. Ce sont plusieurs dizaines de tonne de pression sur les structures de la colonne vertébrale lombaire qui sont exercés et ce sur des agents qui vont devoir travailler jusqu’à 64/66 ans pour obtenir une retraite a taux plein. Il est donc urgent de repenser la place de l’adulte dans la petite enfance au risque de rencontrer des gros problèmes d’effectifs dans ce secteur.


[i][i] José Curraladas Kinésithérapeute, Fondateur de l’Ecole du Dos de la Petite Enfance

[1] Santé Travail : Enjeux et Actions Janvier 2017 Assurance Maladie Risques Professionnels

[2] Lombalgies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle prévention ? INSERM HAL 2017

[3] Référence santé au travail INRS Mars 2015

[4] Commentaire de l’auteur

[5] Travail et Lombalgies « du facteur de risque au facteur de soin » INRS 2018

[6] Référence santé au travail INRS Mars 2015

[7] Lombalgies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle prévention ? INSERM HAL 2017

Lombalgies et Troubles Musculo Squelettiques dans le secteur de la Petite Enfance : Que faire ?

Par José Curraladas

La lombalgie, un fléau social

Les lombalgies, communément appelées « mal de dos », touchent 80 % de la population en France. Bien qu’elle évolue favorablement dans 90 % des cas, elle représente 30 % des arrêts de travail de plus de 6 mois (en forte augmentation ces dernières années) et constitue la 3ème cause d’admission en invalidité pour le régime général de la sécurité sociale.

La lombalgie, quelle qu’en soit la cause, constitue le 2ème motif de recours au médecin traitant et donne lieu à un arrêt de travail 1 fois sur 5. Elle représente également près de 20 % du nombre total des accidents du travail. Les lombalgies d’origines professionnelles représentent un problème de santé important qui engendre un coût de plus d’un milliard d’euros. On observe une durée d’arrêt plus longue quand les lombalgies sont en lien avec le travail que lorsqu’elles surviennent dans un autre contexte[1].

Les lombalgies représentent la première cause d'invalidité au travail chez les moins de 45 ans. Leur fréquence augmente avec l'âge, jusqu'à un pic situé vers 45-50 ans. Toutes les professions sont concernées par les lombalgies mais une étude américaine (Guo et coll., 1995) [2]donne une liste des professions les plus à risque. Pour les hommes, on trouve les ouvriers non qualifiés du bâtiment, les charpentiers, les mécaniciens. Parmi les femmes, les plus à risque sont les aides-soignantes et les infirmières, le personnel de nettoyage et de service, et aussi les coiffeuses. Certaines professions ou secteurs, parce que le risque de lombalgie y est considéré comme élevé, ont fait l’objet de nombreuses études : citons le secteur des soins, la construction, les conducteurs de camion et de bus (Guo et coll., 1995). L’examen des résultats issus d’études épidémiologiques montre que, indépendamment des facteurs personnels et des facteurs psychosociaux au travail, les facteurs d’exposition à des contraintes physiques au travail jouent un rôle important dans les lombalgies. Les facteurs les plus importants sont la manipulation et le port de charges lourdes, certaines contraintes posturales (se pencher en avant, avoir à se tourner sur le côté), et les vibrations du corps entier dues à la conduite de véhicule.

Selon une enquête du Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de vie (Credoc) de 1995 : 70% des personnes en âge de travailler ont été victimes au moins une fois d'un épisode de lombalgie, le tiers d'entre elles a dû arrêter (au moins temporairement) son travail pour ce motif, 47% des adultes ont présenté des "douleurs du dos" dans les 4 semaines précédant l'enquête. Il en est de même dans les autres pays européens : une enquête de 1996, portant sur les problèmes de santé au travail réalisée dans les 15 pays de l'Union européenne, montre que 30% des salariés se plaignent de maux de dos. L'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail estime que 60 à 90% des personnes souffriront de lombalgies à un moment ou l'autre de leur carrière.

En France, les maladies professionnelles, s’inscrivent dans la durée et concernent des cas plussévères, avec hernie discale avérée,conduisant souvent à des interventionsde chirurgie rachidienne. Au total, les lombalgies en lien avec le travail représentent, pour la branche risques professionnels un coût élevé de plus d’un milliard d’euros par an, soit l’équivalent du coût des autres troubles musculo-squelettiques.

La Petite Enfance, un secteur professionnel a risque pour l’adulte

Les métiers de la petite enfance sont des secteurs où les personnels sont exposés aux risques d’accidents rachidiens. Durant une journée de travail, c’est plusieurs dizaines de fois qu’il faut soulever, porter et déposer l’enfant. Jusqu’à l’acquisition de la marche, le nourrisson, puis le jeune enfant est totalement tributaire et dépendant de l’adulte et doit donc être porté et déplacé par celui-ci pendant au moins les deux premières années de sa vie. Cette situation crée une répétition de contraintes importantes sur la colonne vertébrale (rachis). L’enfant doit être considéré comme une charge qui entraîne un véritable risque pour le rachis des personnels qui le soulèvent quotidiennement.

Les contraintes du port de charges.

Dans un article de Mars 2015[3] l’INRS a étudié les risques de Troubles Musculosquelettiques (tms) du rachis chez les assistantes maternelles. En effet, le sujet des tms chez le personnel de la petite enfance a commencé a interpeller la recherche a partir de 1993. La prévalence des lombalgies varie de 61 à 86% et les tms sont également observées aux épaules, coudes et poignets. Une étude d’une crèche hospitalière montre qu’une auxiliaire de puériculture porte en moyenne près de deux tonnes de bébés par jour pour un taux d’encadrement de 8 enfants de plus de 18 mois changés 4 fois par jour. Mais de façon logique plus les enfants sont petits plus le risque de lombalgie est élevé car ceux-ci sont soulevés environ 46 fois par jour (et donc reposé 46 fois et les contraintes rachidiennes sont les mêmes quand on soulève et que l’on dépose[4]) contre une seule fois chez les 4/5 ans.

Les contraintes posturales.

L’adulte doit continuellement se baisser pour se mettre a hauteur de l’enfant pour l’apprentissage de la marche, les jeux d’éveil, le ramassage des jouets, ect

Cela entraine donc des mouvements de flexion du tronc vers l’avant et des flexions répétés des genoux. Ces taches posturales répétitives exercent des contraintes de force de compression et de cisaillement sur les disques lombaires inférieurs.

Les contraintes humaines

Mais le secteur de la petite enfance est un secteur professionnel très particulier. En effet, les deux acteurs du mouvement sont humains : l’adulte et l’enfant. Il n’y a donc pas de possibilité, comme dans d’autres secteurs (industrie, commerces) de supprimer le risque ni d’automatiser et de robotiser les manœuvres de l’adulte ! La seule solution est donc que l’adulte se positionne correctement par rapport à l’enfant/charge lors des manutentions.

Or depuis toujours les structures collectives d’accueil du jeune enfant ont été conçues pour apporter un maximum de confort pour le tout-petit et pour qu’il s’épanouisse sans contraintes dans un environnement sécurisé. Mais la souffrance des adultes qui travaillent quotidiennement auprès des tout petits est un phénomène en constante augmentation et les personnels qui s’occupent des tout petits sont en grande majorité des femmes qui vont effectuer ce travail pendant de nombreuses années. Les conditions de travail ne leur permettront pas d’arriver en pleine santé si nous ne repensons pas les conditions de leur exercice professionnel quotidien. En effet, il suffit de visiter des crèches et d’écouter les plaintes de ces personnels pour comprendre qu’il faut repenser complètement la place de l’adulte dans l’environnement du jeune enfant.

La pénibilité des conditions de travail des personnels auprès des tout petits enfants doit-être étudiée et les risques pour le rachis et les articulations des membres supérieurs pris en compte.

Car ce n’est pas le port de charge qu’il faut évaluer mais la fréquence des mouvements de soulèvement, portage et dépose des enfants/charge.

Les femmes qui exercent ces gestes répétitifs de manipulation de charge (enfant et matériel) ne sont pas préparées culturellement au port de charges. Elles n’ont pas été éduquées, contrairement aux hommes, à soulever des charges. Elles ne savent tout simplement pas comment faire. Pratiquement aucune d’entre elles n’écartent les pieds pour être stable avant de soulever/déposer un enfant/charge et très peu ont déjà été en situation de porter une charge lourde. Or au quotidien, elles sont confrontées à la manipulation de charges autres que les enfants ; pack d’eau, de lait, cartons de couches, caisses de jouet, tapis et meubles, sans parler bien sur des personnels de cuisine ou d’entretien qui manipulent également de nombreuses charges lourdes.

Les contraintes structurelles

L’architecture des structures collectives est pensée pour l’enfant mais pas pour l’adulte alors que celui-ci est en permanence en mouvement. Les pièces de psychomotricité par exemple souvent très grandes alors qu’elles accueillent des enfants qui marchent et qui sont autonomes. A l’inverse les dortoirs, eux sont systématiquement étroits et obligent souvent à faire dormir les tout petits dans des lits à barreaux superposés dans des locaux aveugles sans fenêtres. L’accès au couchage bas, sous le couchage haut présente un risque énorme pour le rachis de l’adulte car les manipulations sont pluriquotidiennes pour l’adulte. De plus l’adulte n’a pas de place pour surveiller la sieste et est obligé de s’installer dans des positions souvent contraignantes pour le dos.

Les postes de change sont standardisés par les fabricants de mobilier de puériculture. La place pour changer bébé est étroite et ne permet pas de placer l’enfant de côté quand il commence à grandir et à donner des coups de pieds dans le ventre de l’adulte qui le change. L’accès au robinet est souvent éloigné et oblige l’adulte à se pencher dangereusement, voir de monter sur un petit banc pour accéder au point d’eau. Pour le poste de change des plus grands, les fabricants intègrent souvent maintenant des escaliers mais ceux-ci sont peu utilisés car les marches sont parfois trop hautes et les enfants ne peuvent pas monter seul la dernière marche.

La grande majorité des lits haut pour le couchage des tout petits nécessitent encore trop souvent une manipulation des deux mains voir plus puisque certains ne s’ouvrent encore qu’en appuyant a quatre endroits simultanément ! Comment faire quand on porte un bébé dans ses bras ? Les tables et les chaises des repas des « grands » sont conçues pour que ceux-ci soient bien installés à la bonne hauteur. Très bien mais quid de la position de l’adulte qui doit gérer et s’occuper du repas pendant au moins une demi-heure ? Comment et où s’installe-t-il ?

Les meubles de rangement sont conçus pour durer, ils sont solides, souvent en bois et très lourds. Mais il faut faire le ménage quotidiennement et déplacer tout ce mobilier qui n’est pas encore systématiquement proposé sur roulettes par les fabricants.

Que faire ?

La meilleure façon de traiter la lombalgie chronique c’est d’éviter la survenue de lombalgies aigues et à défaut le passage de la phase aiguë à la phase chronique[5].Il faut donc renforcer, lors des formations initiales et continues, l’information sur la prévention des risques professionnels[6].

Les formations sur le modèle des « Ecole du Dos » sont une option efficace pour la transmission des messages de prévention des rachialgies.[7] Une école du dos consiste en toute forme de programme éducatif, dispensé en groupe, qui vise à favoriser chez les participants aussi bien des apprentissages de nature cognitive (acquisition de connaissances relatives à la colonne vertébrale et aux problèmes de dos), que des apprentissages sensori-moteurs (la maîtrise d’habiletés motrices) permettant de réduire les efforts mécaniques s’exerçant sur la colonne. Une école du dos a aussi pour finalité de transmettre un ″savoir-être″, c’est-à-dire une autre attitude vis-à-vis de la douleur et de la prise en charge médicale. » Bien que leur contenu, leur durée et leur mode organisationnel puissent varier de façon importante, la grande majorité des écoles du dos poursuivent des objectifs similaires :

- prévenir la survenue de la lombalgie ou limiter son risque de récidive

- diminuer la douleur ressentie et son impact fonctionnel dans la vie courante

- diminuer le recours inconsidéré aux soins médicaux

- encourager la personne à prendre son problème de dos en charge

Pour qu’il soit efficace et assimilé par la personne qui reçoit la formation, le message doit être clair, simple et pratique. Les ordres complexes (rentrez le ventre, basculez votre bassin en arrière et serrez les fesses) sont totalement inefficaces.

A l’inverse, les ordres trop simplistes « pliez les genoux et gardez le dos droit » sont dangereux car ils apportent une information erronée.

Ce message doit être également essentiellement corporel.

En effet, la prévention des rachialgies passe par la prise de conscience corporelle des gestes dangereux et la répétition des gestes de prévention et de soulagement. Seule l’intégration somatique des sensations articulaires et musculaires va permette à la personne qui reçoit le message de « sentir » les bonnes positions. La répétition des bons gestes et des bonnes postures va permettre au cerveau d’enregistrer les bonnes sensations lors des efforts de soulèvement/dépose, tirer/pousser, etc. La pratique gestuelle répétée sur plusieurs heures va permettre d’effacer les informations nociceptives et d’apporter des informations posturales proprioceptives positives. C’est un peu comme si l’on « formatait » le disque dur qu’est notre cerveau et que l’on y grave de nouvelles informations.

En conclusion

Les contraintes rachidiennes et articulaires sont une réalité quotidienne des femmes qui travaillent dans le secteur de la petite enfance. Il faut repenser la place de l’adulte dans les lieux d’accueil du jeune enfant et demander aux architectes et aux fabricants de matériel de puériculture qu’ils intègrent la notion d’ergonomie de l’adulte dans la conception de leur locaux et matériel. Il faut former les personnels des équipes aux techniques de port de charges mais pas n’importe comment ! Une formation de prévention se contentant d’apporter des informations théoriques est totalement inutile et inefficace. L’information doit être apportée a des personnels effectuant la même activité professionnelle. Il est totalement aberrent de penser que l’on peut apporter la même information de prévention à des personnes exerçant des métiers différents (cadre administratif, auxiliaire de puériculture ou éboueur). La problématique de chaque métier est différente et doit être traitée spécifiquement avec l’étude des gestes dangereux afin d’y apporter des réponses spécifiques et adaptées même si les principes généraux sont bien-sur universels.

 


[1] Santé Travail : Enjeux et Actions Janvier 2017 Assurance Maladie Risques Professionnels

[2] Lombalgies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle prévention ? INSERM HAL 2017

[3] Référence santé au travail INRS Mars 2015

[4] Commentaire de l’auteur

[5] Travail et Lombalgies « du facteur de risque au facteur de soin » INRS 2018

[6] Référence santé au travail INRS Mars 2015

[7] Lombalgies en milieu professionnel : quels facteurs de risque et quelle prévention ? INSERM HAL 2017

 


 

 

La conférence-débat

suivie d'ateliers pratiques pour les

Journées des Assistantes Maternelles

 

La conférence « Prendre soin de soi pour prendre soin des autres »

Comment protéger son dos quand on s'occupe des tout petits?. Information sur la Prévention du mal de dos pour les Personnels du secteur de la Petite Enfance. Il s'agit d'un diaporama sur l'anatomie de la colonne vertébrale, les différents mécanismes lésionnels et les techniques de prévention. Puis l'ensemble des gestes professionnels avec et autour de l'enfant sont abordés.
Durée : 2H        nombre de participants : illimités

Les Ateliers pratiques

Mis en situation pratique de certains gestes professionnels quotidien en groupe de 10/12 personnes.
Durée: 1H possibilité de plusieurs ateliers

 

Remise de l'ouvrage: "Prévenir le mal de dos pour les professionnels de la Petite Enfance"              

    COUV3

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